lundi 25 avril 2016

Insaisissable Mr Darcy - Kara Louise - Editions J'ai Lu

Quatrième de couverture :

À la mort de son père, Elizabeth Bennet doit travailler comme gouvernante. Mais elle ignorait que les Willstone étaient des amis des Bingley et des Darcy, et Elizabeth se retrouve de nouveau dans le cercle de Mr. Darcy. Qui plus est, la soeur de Mme. Willstone a ses yeux fixés sur Mr. Darcy. Avec un statut social encore plus bas qu'il ne l'était auparavant, Elizabeth sait qu'elle n'a aucun espoir que Darcy renouvèle ses demandes en mariage, même si elle commence à le voir sous un nouvel angle...

Mon avis sur le livre :

Ce livre je l'avais dans ma PAL depuis mon anniversaire, c'est Émilie de la chaine Milyx Lecture qui me l'a offert et je l'en remercie encore une fois. Plusieurs romans des éditions J'ai Lu sont sortis en tant que réécriture des histoires de Jane Austen, je dois dire que j'étais intriguée par cette collection de romans. Celui-ci est une reprise de l'histoire d'Elizabeth Bennet et de Fitzwilliam Darcy dans le roman intitulé Orgueil et Préjugés

Je me suis plongée dedans et j'ai très vite retrouvé les personnages que j'avais tant aimé dans le roman de Jane Austen : j'avais d'ailleurs un petit pincement au cœur de les redécouvrir dans une histoire inédite. Je partais aussi avec des préjugés, ben oui : j'avais peur de découvrir ces personnages changés, différents, pas dans le sens où je l'ai avais imaginé et surtout une plume totalement différente de celle de Jane Austen. 

Tous ces préjugés ont vite été balayés puisque le style de l'auteur m'a rappelé celui d'Austen, peut-être moins descriptif mais il y avait un respect des personnages de l'auteur que j'ai beaucoup apprécié. J'ai eu réellement l'impression de lire la suite de l'histoire de Jane Austen, si les évènements qu'elle avait prévu n'avaient pas tourné de la même façon. 

J'ai pris plaisir à me replonger dans cette période du début XIXe siècle dans la campagne anglaise, avec toutes ses éthiques, ses non-dits mais aussi son charme incontestable. Ce que j'apprécie vraiment dans ce genre de roman est que les actions des personnages ont toujours de la valeur : il y a une réflexion dans les agissements de ceux-ci, ce qui nous rappelle aussi à nous l'intérêt de se poser pour prendre des décisions. 

Sachant et connaissant par cœur le roman de Jane Austen, je m'attendais à tous les rebondissements du livre, ce qui a rendu parfois ma lecture un peu longue, quelques passages m'ont semblé ennuyeux. Il n'empêche que j'ai passé un très bon moment, riant, appréciant chaque mot. 

Pour conclure, ce livre est une jolie réécriture qui ne détrône cependant pas la version originale de Jane Austen, mais qui lui apporte de la fraîcheur, de la modernité et un côté plus mutin au personnage de Mr Darcy. On a tous rêvé de cette fin écrite, on la découvre ici. 

Ma note :

4/5. Un très beau roman.

samedi 16 avril 2016

Audrey retrouvée - Sophie Kinsella - Editions Pocket Jeunesse

Quatrième de couverture :

Audrey a 14 ans. Elle souffre de troubles anxieux. Elle vit cachée derrière ses lunettes noires, recluse dans la maison de ses parents à Londres.
Ça, c'était avant.
Avant que Dr Sarah, son psychiatre, lui demande de tourner un film sur sa famille, pour voir la vie d'un œil nouveau : celui de la caméra.
Avant que Linus, un copain de son frère, débarque. Avec son grand sourire et ses drôles de petits mots griffonnés sur le coin d'une feuille, il va pousser Audrey à sortir. Et à redécouvrir le monde... 


Mon avis sur le livre :

J'ai commencé ce livre hier matin. J'avais craqué dessus en magasin, ne pouvant m'empêcher de l'acheter vu que j'en avais entendu de très bon avis. J'avais déjà lu deux tomes de la saga L'accro du shopping de Sophie Kinsella, alors je savais à quoi m'entendre en genre de littérature. C'est son premier roman young adult, et elle m'a convaincue.

On rencontre Audrey, une jeune fille de 14 ans mal dans sa peau, qui se cache derrière ses lunettes, vit chez elle, fréquente peu le monde extérieur, depuis un évènement qui s'est produit à son lycée. Sur cet épisode elle reste très floue mais on comprend très vite que d'autres filles l'ont peut-être harcelées. Dans un sens, Sophie Kinsella ne délivre pas cette période de la vie de la jeune fille ce qui nous permet de plus nous concentrer sur le moment présent où elle nous parle. Puisqu'Audrey s'adresse à nous, comme dans un journal, ce qui apporte cette proximité directe avec le personnage dès qu'on ouvre le roman. 

Si on se sent directement embarqué dans l'histoire c'est aussi parce que l'auteur ouvre sur une scène rocambolesque dont elle a le secret : la mère d'Audrey est à l'étage de la maison, tenant par dessus la fenêtre l'ordinateur de son frère Frank, prête à le jeter à plus de deux mètres de hauteur. Alors on rit au début, puis au milieu, puis tout le long : je me suis surprise à ne pas arriver à m'arrêter de rire à certains moments, à avoir des fous rires qui n'en finissait plus devant mon bouquin, et je peux vous dire que ça fait du bien de lire des lignes si pétillantes, pleines de vie.

La famille d'Audrey est à elle-même un sketch : on a la mère impulsive qui veut tout gérer et qui pour cela prend en référence son journal Daily Mail (si celui-ci dit blanc, elle dit blanc), le père qui est dépassé par l'impulsivité de sa femme et qui préfère la laisser gérer, le frère Frank accro aux jeux-vidéos mais touchant dans sa compréhension, le petit frère Félix et ses phrases d'enfants qui font sourire, et enfin Audrey. Et un autre personnage que je suis obligée de mentionner mais qui ne fait pas parti de la famille : Linus, l'ami de Frank, qui va aider Audrey dans sa voie de guérison.

Tout cela donne un roman unique, avec une plume fluette, légère, sans prise de tête, qui nous emporte dans des aventures étonnantes. Rien que dans sa forme ce livre est différent des autres : on alterne passages de narration et moments de transcription du film qu'Audrey est en train de tourner. Ce petit livre tout coloré on le lit très vite sur une chaise longue en sirotant un thé glacé et il nous apprend des choses de la vie : savoir persévérer, voir toujours le verre à moitié plein, prendre des risques et se dépasser. 

On ne peut pas rester insensible à cette jolie histoire. Sophie Kinsella rayonne dans ce nouveau genre, j'ai juste une hâte : qu'elle en sorte un prochain !

Ma note :

4/5. Un roman plein de vie.

Glacé - Bernard Minier - Editions Pocket

Quatrième de couverture : 

Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d'un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée.
Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée.

Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière.

Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d'altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar ?


Mon avis sur le livre :

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un thriller et j'en avais donc très envie. J'ai piqué dans la bibliothèque de mon papa ce roman, que je lui avais conseillé et dont il avait entendu parler. J'ai profité de mes vacances, car reconnaissons-le, ce roman de 725 pages est une grosse brique. Je l'ai lu en 5 jours.

Le livre s'ouvre sur la découverte du corps d'un cheval sans tête, suspendu à plus de 2000 mètres d'altitude. L'enquête commence alors, sous la direction du commandant Servaz, envoyé spécialement pour cette mission à Saint-Martin. En parallèle, on découvre le centre psychiatrique de Saint-Martin, avec son nouveau directeur, Xavier, et une jeune psychologue de Suisse qui vient y travailler, Diane. 

Je me suis rapidement trouvé plongée au cœur de l'action : l'auteur nous embarque dans l'aventure, nous dessinant au fur et à mesure des pages ses personnages, sans trop s'appesantir au départ. On se fait donc notre propre idée de ses personnages, on apprend à les connaître par nous-mêmes et j'ai beaucoup aimé la diversité de ceux-ci. On rencontre Servaz, un homme de bientôt quarante ans, divorcé et ayant une fille, commandant de l'enquête, Ziegler, une femme trentenaire gendarme qui va travailler aux côtés de Servaz, Espérandieu, un ami policier de Servaz qui se trouve à la base d'origine avec Samira, une jeune chinoise, Diane, une jeune psychologue un peu perdue qui arrive dans un lieu coupé de tout, Cathy d'Humières la procureur, Confiant un juge snob... et j'en oublie. On se sent donc vraiment dans une enquête réelle, avec ses hauts et ses bas, ses problèmes entre collègues, la gestion difficile des médias et des journalistes, et tout cela se passe en France, dans les Pyrénées.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur dans sa facilité, sa simplicité mais aussi sa richesse dans les descriptions. En effet, Bernard Minier alterne deux styles : l'un entraînant et moins recherché dans les moments d'action et l'autre plus poétique, en finesse, dans ses descriptions. C'est ce qui donne à son roman tout son dynamisme. Il arrive à nous poser un cadre, une tension, qui effectivement, pour faire un jeu de mots avec le titre du roman, nous glace.

Les 725 pages je ne les ai pas vu défiler, j'ai apprécié du début à la fin l'histoire. De plus, dans les deux cents dernières pages on enchaine les rebondissements et on ne peut plus lâcher le livre, on a besoin de savoir la vérité. Ce roman, derrière une première enquête, en cache plusieurs autres et c'est aussi un aspect qui a été très agréable pour moi, quand la première enquête commençait à perdre du souffle, une autre apparaissait.

Il y a aussi une vraie recherche sur la psychologie, ce que j'ai beaucoup apprécié, cela m'a fait découvrir un milieu que je ne connaissais pas. On sent que l'auteur s'est appuyé sur des éléments concrets qu'il n'a pas inventé mais qui existent vraiment. L'aspect sentimental des personnages est aussi abordé, et avouons-le, ça met un peu de punch et de piquant au roman. 

Je vous conseille donc vraiment ce roman de Bernard Minier, qui m'a donné envie de découvrir d'autres de ces livres et de me remettre à lire des thrillers.  

Ma note :

4/5. Un très bon thriller.

mercredi 13 avril 2016

Elle s'appelait Sarah - Tatiana de Rosnay - Editions Le Livre de Poche

Quatrième de couverture :

Paris, juillet 1942 : Sarah, une fillette de dix ans qui porte l'étoile jaune, est arrêtée avec ses parents par la police française, au milieu de la nuit. Paniquée, elle met son petit frère à l'abri en lui promettant de revenir le libérer dès que possible.
Paris, mai 2002 : Julia Jarmond, une journaliste américaine mariée à un français, doit couvrir la commémoration de la rafle du Vel d"Hiv. Soixante ans après, son chemin va croiser celui de Sarah, et sa vie changer à jamais.


Mon avis sur le livre :

Ce livre je le voyais partout, et pourtant je n'osais pas me lancer à l'acheter. On me l'a offert à mon anniversaire en septembre et j'ai encore attendu quelques mois avant de prendre le temps de le lire. Je suis heureuse d'avoir pris le temps de me poser pour le lire, en lecture commune avec Élise de la chaine Les lectures d'Elise et Émilie de la chaine Milyx Lecture. 

J'en savais vraiment très peu sur ce roman quand je l'ai commencé, et je suis fière de m'être plongée dans cette histoire sachant juste qu'elle parlait des Juifs et de la Seconde Guerre Mondiale. Je pense vraiment qu'il faut aborder ce livre sans en savoir trop, parce qu'il mérite qu'on le découvre de cette façon. Voilà pourquoi je vous en raconterais le moins possible dans cette chronique.

J'ai découvert Sarah, j'ai découvert Julia. Une enfant, une femme, qui m'ont bouleversé, chacune à leur façon. Il y a un parallèle évident entre ces deux personnages, les deux ayant une force de caractère qui nous surprend, nous entraîne et nous touche au fil de la lecture.

Je n'ai pas aimé ce roman, je l'ai adoré. Il a été pour moi un énorme coup de coeur. Je ne pouvais pas le lâcher, j'avais l'impression que ma vie dépendait de chaque mot. L'auteur nous immerge entre un Paris de 1942 et un Paris de 2002 et nous montre comment le passé a influencé le présent, comment il l'influence toujours.

J'ai tout ressenti avec ce livre : la joie, la peine, la tristesse, le dégoût, la compassion. Je frissonnais, les larmes me montaient aux yeux régulièrement, je riais aussi. Je me suis attachée à Julia comme si je la connaissais. Elle avait quelque chose de familier, et je pense que ce quelque chose de familier est du à la magie de l'écriture de l'auteur.

Je n'avais jamais lu de livre de Tatiana de Rosnay, je suis tellement heureuse de l'avoir découvert. Elle a un style d'écriture qui nous emporte, on ne peut pas rester de marbre. Elle sait mettre le suspense, alterner les rebondissements. Elle a ce truc inexplicable qui fait d'elle une auteure bien à part.

Il y a une chose qui ressort de ce livre : un réel besoin de vérité. Tatiana de Rosnay fait un exploit : elle nous oblige à revenir sur une période qu'on a tendance à oublier et dont on a occulté les détails. Elle a l'audace de ne pas nommer pendant très longtemps les personnages Juifs de son roman : c'est comme si leur identité n'avait pas d'importance au commencement, et puis petit à petit elle nous dessine leur identité, un peu comme sur une toile où le contour d'une personne est esquissé et que les détails viennent ensuite. Tatiana de Rosnay, en écrivant ce livre, fait le schéma inverse de ce qu'on subit les Juifs en 1942 : elle leur redonne une identité, alors même que la police française sous l'Occupation, leur extirpait. C'est un hymne à l'humanité, qui replace chacun à sa juste place.

Ce livre il faut le lire pour comprendre. Je finirais ma chronique sur une chose : merci à Tatiana de Rosnay de l'avoir écrit.

Ma note :

5/5. Coup de coeur.

samedi 9 avril 2016

Ubu roi - Alfred Jarry - Editions Folio Classique

Quatrième de couverture :

Le personnage d'Ubu est devenu le symbole universel de l'absurdité du pouvoir, du despotisme, de la cruauté. Jarry en montre le ridicule, lui oppose l'arme que les faibles gardent face aux tyrans, la formidable liberté intérieure que donne le rire. Le sens du comique et de l'humour change le tyran en marionnette, en ballon gonflé d'air. 

Mon avis sur le livre :

Hier soir j'avais envie de lire un petit livre rapide, quelque chose que je finirais en une soirée. Je me suis donc tournée vers une pièce de théâtre d'un auteur que je ne connaissais pas du tout, et dont je n'avais jamais entendu parler.

Ubu roi est une petite pièce de 120 pages, et je l'ai dévoré en deux heures. On découvre Père Ubu, un homme dépourvu d'intelligence, qui veut tous les pouvoirs afin de régner, sans pour autant se donner du mal à accéder au trône. Les premières pages commencent sur une discussion entre lui et sa femme, Mère Ubu, les deux préparant un coup monté en vue de tuer le roi de Pologne afin qu'Ubu monte sur le trône. 

Cette pièce peut être caractérisée de ridicule, tout simplement parce qu'elle développe des situations rocambolesques pour démontrer certaines faiblesses de l'homme à travers le personnage d'Ubu. Ubu se laisse vivre, il ne veut pas agir et se battre pour obtenir ce qu'il veut, et laisse les autres s'occuper de ses affaires afin de profiter des bénéfices. Il donne des ordres mais ne veut pas se salir les mains. Il est bête et vraiment naïf, cruel puisqu'il agit dans le dos de personnes respectables qui l'apprécient. Mère Ubu n'est pas mieux puisqu'elle pousse son mari dans ses mauvaises actions, ne l'en empêche pas et va jusqu'à le critiquer sans vergogne.

Par des images et des symboles, Ubu roi est fait ridicule : il est en bois comme sur la couverture, peut-être pour montrer de l'extérieur ce qu'il est à l'intérieur, c'est-à-dire pourri et creux, repoussant. 

J'ai apprécié cette pièce dynamique, facile à lire, très accessible au niveau de l'écriture et peu complexe. Il faut aimer le ridicule et les morales implicites : si le théâtre ne vous tente pas, je ne vous conseille pas de commencer par une telle pièce. C'est spécial mais j'aime ce côté différent, unique, que chaque dramaturge arrive à donner à ses pièces. Jarry exploite des thèmes importants et on en ressort grandit par la bêtise qui est exposée dans ce livre.

Ma note :

3.5/5. Divertissant.

vendredi 8 avril 2016

Paris est une fête - Ernest Hemingway - Editions Folio

Quatrième de couverture :

Miss Stein et moi étions encore bons amis lorsqu'elle fit sa remarque sur la génération perdue. Elle avait eu des ennuis avec l'allumage de la vieille Ford T qu'elle conduisait, et le jeune homme qui travaillait au garage et s'occupait de sa voiture - un conscrit de 1918 - n'avait pas pu faire le nécessaire, ou n'avait pas voulu réparer en priorité la Ford de Miss Stein.
De toute façon, il n'avait pas été sérieux et le patron l'avait sévèrement réprimandé après que Miss Stein eut manifesté son mécontentement. Le patron avait dit à son employé : "Vous êtes tous une génération perdue." C'est ce que vous êtes. C'est ce que vous êtes tous, dit Miss Stein. Vous autres, jeunes gens qui avez fait la guerre, vous êtes tous une génération perdue.


Mon avis sur le livre :

J'ai eu ce livre en cadeau à Noël et je dois avouer que je n'avais jamais lu de livre d'Ernest Hemingway, je connaissais son nom mais pas plus. Je me suis donc plongée dans l'inconnu en découvrant cet auteur et en sachant très peu de choses sur ce roman.

Au vue du résumé, je pensais lire une fiction. Effectivement, s'en est une, mais une fiction un petit peu spéciale puisqu'on découvre des souvenirs d'Ernest Hemingway, qui sont romancés, dans le Paris de 1920, où il a vécut avec sa femme Hadley et son fils Bumby, pendant quelques années. Ce livre est donc compliqué aux premiers abords : on serait tenté de dire que ce sont des mémoires, mais ce ne le sont pas au final puisque Hemingway l'affirme lui-même dans ce roman : "Ce livre est une œuvre d'imagination et doit être lu comme tel". Il nous montre aussi que certains faits peuvent être considérés comme réels : "mais il est toujours possible que la fiction jette quelque lueur sur ce qui a été rapporté comme un fait". On est donc un peu perdu, on ne sait pas trop où se situer entre fiction et réel, ce qui perturbe assez au fil de la lecture.

J'ai cependant découvert un style d'écriture unique chez cet Américain : personne n'écrit comme lui. Il développe de longues phrases qui semblent ne jamais se finir, alternant répétitions, descriptions, dialogues. C'est comme si on le lisait au fil de sa pensée, qu'il notait tout ce qui lui passait par la tête sans réfléchir à donner une logique à son récit. Et c'est à nous, lecteur, d'y voir plus clair. Il a une facilité à nous faire vivre des personnages écrivains qui ont vraiment existé (Scott Fitzgerald, Gertrude Stein), nous les décrire et nous les faire voir à leur juste valeur, en oubliant leur carrière. 

L'histoire en elle-même est décousue : chaque chapitre est un souvenir, on n'a pas de lien entre ceux-ci, juste un amalgame d'évènements que l'auteur a peut-être vécu. A la fois, cela dérange au début, et puis au fur et à mesure on s'y fait, c'est comme si Hemingway nous parlait sur sa vie et qu'on l'écoutait au coin du feu nous raconter celle-ci. Au final, la mémoire est sélective : elle garde ce qu'on estime intéressant et supprime les passages de notre vie ennuyante. 

Ce que j'ai apprécié aussi dans ce roman c'est de voir la difficulté de l'écrivain face à son écriture et celles des autres. Voir comment un auteur aborde les écrits des autres, et en même temps se détache de ceux-ci pour écrire le sien. Hemingway nous parle de son travail, de ses relations avec les autres écrivains : il m'a semblé être un homme ouvert d'esprit, dans un milieu parfois sélectif et aux idées préconçues. Dans un sens, il était un peu un rebelle de sa génération, c'est peut-être cela qui fait qu'on se rappelle de cet auteur.

Je dois dire que je connais peu Paris, ce qui m'a manqué parfois, car l'écrivain vit dans Paris, nous définit son propre Paris et sa vision de celui-ci. Alors ce livre devient un hymne à Paris : une ville qui vit grâce aux gens qui l'habitent. On voyage donc dans le Paris d'Hemingway, et au final on a bien envie d'y aller nous aussi, pour voir les lieux qu'il nous a décrit.

Je ne sais pas si j'ai commencé par le meilleur écrit de l'auteur, une chose est sûre : j'en sais plus sur cet homme, il m'intrigue et j'ai envie maintenant d'explorer sa bibliographie, afin de voir ce qu'un tel homme a pu écrire comme histoire. C'est là où on se rend compte que connaître un écrivain, c'est peut-être en partie connaître ses récits.

Ma note :

3.5/5. Une lecture intéressante, de découverte.

lundi 4 avril 2016

Flavie ou l'échappée belle - Bertrand du Chambon - Editions Albin Michel

Quatrième de couverture :

A la fin de la Révolution française, Flavie s'enfuit au Brésil pour échapper à la Terreur. Riche de sa seule beauté, cette amoureuse intrépide ne va pas tarder à charmer le duc de Toiros, un grand propriétaire terrien qui emploie des esclaves sur ses milliers d'hectares. Indignée par le spectacle de ces êtres humiliés, Flavie s'enfuit avec eux, s'enfonçant dans la forêt profonde comme on se jette à corps perdu dans la vie. De rencontre en rencontre, d'escale en escale, elle va parcourir les trois Amériques, échappant par miracle aux pires dangers, comme protégée par des forces spirituelles dont elle nie pourtant l'existence... Du Nordeste à la forêt amazonienne, des Antilles à la Louisiane et aux montagnes Rocheuses, ce superbe roman d'une belle écriture joue de tous les genres avec brio, allégresse, et un art consommé du rebondissement. Tour à tour candide ou innocent, savant ou libertin, à l'image de son héroïne, Flavie ou l'Echappée belle est un magnifique portrait de femme.

Mon avis sur le livre :

Ce livre je l'ai découvert par hasard, parce qu'on m'en a parlé et qu'on me l'a prêté. Je ne connaissais pas cet auteur, ni ce roman qui a été publié en 2004 aux éditions Albin Michel. J'étais à la fois intriguée par le résumé mais également par la couverture toute colorée.

On rencontre Flavie, jeune femme qui s'est enfuit de France pour arriver au Brésil, juste après la Révolution française, en 1790. Arrivée dans ce pays, elle doit faire face aux coutumes, s'intégrer aux nobles des lieux et pour cela assiste à un bal. C'est là qu'elle rencontre le beau duc de Toiros, en tombe amoureuse et décide de se marier. Rapidement, elle déchante face à la cruauté de celui-ci, que ce soit envers elle ou envers ses esclaves. Elle décide alors de s'enfuir avec d'autres esclaves, de partir vers l'Amérique du Nord.

Je suis très vite rentrée dans l'histoire, j'ai été emporté par le récit grâce à l'emploi du "je" par le narrateur. On suit Flavie, c'est elle qui nous conte son histoire, on est donc happé par les événements. Les chapitres sont courts, le roman est divisé en sept grandes parties. L'action est présente, nous surprenant au détour de plusieurs pages. 

C'est un voyage et un périple au cœur de la jungle qu'entreprend Flavie : elle doit survivre, et donc pour cela, s'adapter au milieu dans lequel elle plonge. Ce roman est donc gorgé de personnages, de cultures diverses, de rencontres : c'est ce qui fait la richesse de l'histoire.

Malgré le fait que la trame du récit tire Flavie vers l'image d'une héroïne, tout est très réaliste. On voit changer le personnage qui se fond dans sa nouvelle vie, qui évolue et qui défend bien l'idée de ne jamais abandonner et de toujours persévérer malgré les obstacles. Alors oui, cette femme du XIXe siècle est touchante dans sa force de caractère.

Ce livre est aussi une mise en avant des valeurs : ce n'est pas parce que l'Homme ne vit plus de façon civilisé, qu'il doit vivre sans valeurs. L'auteur nous montre qu'en revenant à nos origines on s'enrichit de notions qu'on avait oublié, ou qu'on utilise mal. L'amour, l'amitié : tout semble plus pur dans la jungle. C'est comme si l'écrivain avait cherché à faire un parallèle entre la ville civilisée et la jungle non civilisée : dans les deux cas, il nous montre que la violence est présente, et qu'il faut la combattre. L'Homme a le choix : à lui de décider de son avenir.

J'ai aimé la façon dont l'auteur parsème son récit de faits historiques, il arrive à nous immerger dans une période de l'histoire où les esclaves existent encore en Amérique, où la France va céder la Louisiane, où Napoléon arrive au pouvoir. Et ce qui est encore plus plaisant c'est que l'auteur a fait le choix de ne pas tout nous dire sur l'époque, dissimulant des événements car ceux-ci n'arrivent pas à parvenir jusqu'en Amérique, et c'est souvent la rumeur qui les amène. On referme le livre et on se dit que même si ce livre se déroule entre 1790 et 1810, il est plein de résonance sur notre période. 

Ma note :

4/5. Un livre qui nous fait découvrir l'Amérique du sud et du nord, le Portugal, l'Espagne et la France.

samedi 2 avril 2016

Chère Madame ma grand-mère - Elizabeth Brami - Editions Nathan

Quatrième de couverture : 

Olivia a douze ans et demi. Elle habite seule avec sa mère et veut absolument en savoir plus sur sa naissance et sur son père, autour desquels règne le plus grand des secrets. Elle décide d'entamer une correspondance avec Madame Barrois, dont elle a trouvé le nom en fouillant dans les affaires de sa mère. Peut-être cette femme âgée, qui semble porter le même nom de famille que le père d'Olivia, en saura-t-elle un peu plus sur ses origines ? Commence alors un émouvant échange épistolaire entre une enfant qui cherche désespérement à connaître la vérité et une vieille dame qui aurait préféré l'oublier…

Mon avis sur le livre :

Dernièrement je tombe sur des livres par hasard, et celui-ci c'est ma cousine qui me l'a prêté, m'expliquant qu'elle l'avait beaucoup aimé. C'est un tout petit roman épistolaire de 60 pages, qui se lit en peu de temps, adressé aux plus jeunes dès l'âge de 10 ans. Le petit plus de ce roman c'est qu'il est illustré à chaque lettre.

J'avais très envie de lire un peu de jeunesse dernièrement, et ce livre m'a fait du bien : il est frais, léger, pas compliqué, et pourtant aborde des thèmes de notre quotidien. 

On s'attache à Olivia, cette petite fille en quête de ses origines. Elle reste obstinée, têtue et se bat jusqu'au bout pour découvrir la vérité. De l'autre côté, Madame Barrois, dame âgée, qui aux premiers abords semble sur la défensive, finit par être touchée par la jeune fille.

J'ai beaucoup aimé le fait que le roman ne soit composé que de lettres : les lettres c'est quelque chose qui, de nos jours, s'est perdu. On n'envoie plus de lettres, ou très rarement. Et pourtant, écrire des mots sur du papier c'est en quelque sorte donner une éternité à ce qu'on veut dire, c'est comme si les mots qu'on utilisait été beaucoup plus importants, de par le fait qu'ils sont écrits dans une lettre. Alors ce livre nous rappelle qu'avoir une correspondance avec quelqu'un, c'est beau.

Ce que j'ai apprécié aussi, c'est l'échange entre deux générations différentes. Car les deux personnages sont éloignés en âge et pourtant, petit à petit, va s'installer une complicité, l'une et l'autre cherchant l'approbation, le respect et la reconnaissance de l'autre.

Ma note :

3,5/5. Un petit roman divertissant.