samedi 27 février 2016

Jane Eyre - Charlotte Brontë - Editions Archipoche

Quatrième de couverture :

Jane Eyre, orpheline à dix ans, est maltraitée par les Reed chez qui elle a été placée. Envoyée à Lowood, une institution rigide, elle y souffre de privations et de nouvelles brimades. Elle s’y fait une amie, Helen Burns. Jane saura pourtant s’adapter et – tout comme Charlotte Brontë – devient professeur après six ans d’études. Une annonce passée dans un journal lui permet de devenir gouvernante : la voilà chargée de l’éducation d’Adèle, la protégée de Mr Rochester, riche propriétaire du château de Thornfield-Hall…

Mon avis sur le livre :

Je dois d'abord vous dire que je me suis permise de couper et d'enlever des choses du résumé de quatrième de couverture des éditions Archipoche qui révélait l'intégralité des évènements du livre (ce que je trouve incompréhensible d'ailleurs, heureusement que je n'avais pas lu le résumé avant de démarrer ma lecture du roman). Ce roman je l'ai acheté suite à ma lecture des Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, la sœur de Charlotte, car je voulais continuer de découvrir les sœurs Brontë et lire encore un roman classique anglais. 

On découvre Jane Eyre, orpheline, qui ne va pas avoir une vie facile et qui jeune, a un caractère très rebelle. Petit à petit on la voit grandir et atteindre ces dix-neuf ans, âge où on va ensuite la suivre tout le long du roman. D'autres personnages l'entourent, chacun avec sa personnalité spécifique et toujours détaillés avec minutie par l'auteur : on ne s'arrête pas à leur personnalité en général, on rentre vraiment en profondeur sur leur façon de penser, de voir les choses et ce qu'en ressent Jane. 

J'ai énormément apprécié le style de Charlotte Brontë, plus que celui de sa sœur d'ailleurs : il y a une beauté dans son écriture, une façon de décrire les paysages qui nous plonge dedans, on ferme les yeux (ou pas, vu qu'on lit ^^) et on y est. Les phrases sont fluides, s'enchaînent, c'est mélodieux. Je dois dire que le moment où j'ai le plus apprécié lire ce roman était quand j'étais sur ma terrasse au soleil, entourée par la nature, j'avais vraiment l'impression d'être comme un peu dans l'histoire. De plus, et je me répète, je suis à chaque fois étonnée de l'accessibilité et de la facilité à lire ce genre de roman, qui date pourtant du début XIXe siècle. J'avais envie de prendre mon temps à lire chaque mot de l'auteur, d'où ma lenteur à lire ce roman (1 mois).

J'ai admiré la figure féminine de Jane Eyre : c'est un personnage qui va puiser dans sa colère de jeunesse, dans sa rébellion pour poser sa réflexion, s'améliorer, devenir courageuse, sûre d'elle et surtout grandir. Elle a tendance à parler peu mais chaque parole qu'elle prononce à son importance.

De plus, le personnage masculin principal, Mr Rochester, change lui aussi au fur et à mesure du roman : les obstacles de la vie par lesquels il va devoir passer vont faire de lui un homme moins orgueilleux, moins féroce. Nombre de fois il m'a fait penser à Mr Darcy dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen.

L'histoire d'amour (car oui il y en a une et vous vous en doutez) est tellement pure, désintéressée, c'est comme si les deux âmes des personnages se touchaient et se comprenaient sans avoir besoin de dire les choses à voix haute. J'ai pu noter une citation qui appuie ce que je viens de dire plus haut : 
-"Mais bientôt, je l'espère, vous apprendrez à être naturelle avec moi, parce qu'il m'est impossible de ne pas l'être avec vous"

Ce roman est donc à l'opposé total des Hauts de Hurlevent, il est beaucoup plus romantique, dans les sentiments, et c'est ce que j'ai le plus apprécié. J'avais trouvé les Hauts de Hurlevent trop sombre avec des personnages manquants de caractère. Cependant Jane Eyre n'est pas pour moi un coup de cœur car il m'a manqué parfois une addiction au livre que je ne saurais pas expliquer, il y avait peut-être quelques longueurs dans les deux-cent premières pages. Il frôle cependant le coup de cœur. 

Ma note :

4,5/5. Une découverte magnifique, on en ressort grandit.

samedi 6 février 2016

Cinq deuils de guerre (1914-1918) - Stéphane Audouin-Rouzeau - Editions Tallandier

Quatrième de couverture :

Entre 1914 et 1918, la Grande Guerre a fauché près de dix millions d’Européens. La mort de masse fut souvent une mort sans sépulture, privant les survivants du corps de leurs proches. Ainsi a-t-elle souvent suscité des deuils interminables, dont la trace n’est pas tout à fait effacée, aujourd’hui encore, un siècle après la fin des combats. Ces cinq récits de vies endeuillées renvoient aux portraits jaunis conservés dans nos familles, au souvenir des femmes vêtues de noir, à une mémoire de la souffrance pudiquement enfouie : la nôtre.

Mon avis sur le livre :

Si ce livre historique est arrivé entre mes mains, c'est tout simplement car je l'ai choisi en sujet pour un exposé que je rendrais fin février. En effet, je suis en licence Histoire et ce semestre nous étudions la période contemporaine du début XXe siècle avec ses guerres mondiales. Je ne comptais pas vous parler de ce livre au départ car je pensais qu'il ne serait qu'historique et hors sujet par rapport à mon blog, or, il m'a touché énormément lors de ma lecture, je savais alors qu'il fallait absolument que j'en fasse une chronique littéraire. 

Stéphane Audouin-Rouzeau est un historien spécialiste de la Première Guerre Mondiale, frère de Fred Vargas, romancière connue. Il nous livre ici cinq deuils différents, cinq morts de la guerre, cinq points de vue de celle-ci. C'est en historien qui a écrit ce livre et pourtant on lit celui-ci comme un roman littéraire. Un roman littéraire fort parce qu'il est témoignage et que l'on sait que ce qui y est écrit est vrai, a eu lieu.

Le style de l'auteur est simple, il énonce les faits historiques, ses idées. Pourtant, malgré le fait que ce soit lui qui nous conte les récits, on a tendance à l'oublier. En effet, il s'efface souvent pour laisser la parole aux victimes, celles qui souffrent du deuil et de la mort de leur proche : il cite les journaux intimes personnels, les lettres échangées, les interviews données. Bref, il nous plonge dans l'histoire, nous emporte avec lui dans son récit : la simplicité de son style rend encore plus vives les émotions de ceux poignardés par la perte d'un membre de leur famille.

J'ai énormément été touchée par tous les récits mais en particulier par le premier, celui d'un soldat anglais mort en France et du deuil de sa fiancé, Vera Brittain. Je me suis retrouvée à de nombreuses reprises les larmes aux yeux, devant refermer quelques secondes le livre pour supporter le récit, pour accepter la mort et la souffrance qu'endurait Vera. Les mots que Vera écrivait dans son journal sur la mort en elle-même m'ont touché en plein cœur, de part mon expérience personnelle.  

Je n'ai pu qu'admirer toutes les figures féminines mises en avant par l'auteur : une fiancé, une sœur, une grand-mère, une mère qui se bat pour rapatrier le corps de son fils, une épouse qui se bat pour la réhabilitation de son mari. 

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de témoignages, encore moins de livres sur la guerre mondiale. Résumer une période en quelques récits c’est aussi dans l’autre sens se rendre compte qu’on ne peut pas connaître tout ce qui s’est passé pendant la période, qu’on ne peut pas analyser l’histoire de chaque individu sur Terre, une sélection doit être faite et il faut se limiter. Stéphane Audouin-Rouzeau estime qu’il n’y a pas besoin de conclusion à ces récits de deuils : ceux-ci parlent d’eux-mêmes. Ce livre m’a donc énormément plu car il permet de nous rappeler d’évènements passés tout en mettant des noms sur des personnes, ce qui nous les rend plus familier. Ce livre honore bien un des devoirs fondamental de l’Histoire : celui de la mémoire.

Ma note :

4,5/5. Touchant et poignant.