mercredi 20 juillet 2016

Rhinocéros - Eugène Ionesco - Editions Folio

Quatrième de couverture :

"Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat." Tout langage stéréotypé devient aberrant. C'est ce que Ionesco démontre dans Rhinocéros, pièce qui a tout d'abord vu le jour sous la forme d'une nouvelle. Partisan d'un théâtre total, il porte l'absurde à son paroxysme en l'incarnant matériellement.
Allégorie des idéologies de masse, le rhinocéros, cruel et dévastateur, ne se déplace qu'en groupe et gagne du terrain à une vitesse vertigineuse. Seul et sans trop savoir pourquoi, Bérenger résiste à la mutation. Il résiste pour notre plus grande délectation, car sa lutte désespérée donne lieu à des caricatures savoureuses, à des variations de tons et de genres audacieuses et anticonformistes. La sclérose intellectuelle, l'incommunicabilité et la perversion du langage engendrent des situations tellement tragiques qu'elles en deviennent comiques, tellement grotesques qu'elles ne peuvent être que dramatiques.


Mon avis sur le livre :

Ionesco était un auteur qui m'intriguait depuis longtemps, et aimant plutôt le genre du théâtre absurde, je me suis donc lancée dans une de ses pièces très connues, Rhinocéros.

On rencontre deux protagonistes au début de la pièce, qui vont s'installer à un café et papoter. Ce sont Jean et Bérenger. A première vue, Jean remonte les bretelles de Bérenger, lui demande de se reprendre alors que celui-ci se laisse aller à une vie de débauche, mêlant alcool et soirées. C'est alors qu'un premier rhinocéros perturbe la vie quotidienne des habitants (l'épicier, l'épicière, le patron, la serveuse, la ménagère, le vieux monsieur et le logicien) en traversant la rue. Et au fur et à mesure de la pièce, tous nos personnages vont se transformer, devenir rhinocéros.

J'ai trouvé cette pièce très intelligente et bien ficelée. Elle m'a fait me poser de nombreuses questions sur l'Homme, sa façon d'agir. L'auteur a une plume amusante, qui nous fait sourire, et qui cache sous chaque mot une vérité. J'ai notamment adoré le moment où deux conversations se font écho : celle de Jean et Bérenger et celle du vieux monsieur et du logicien. Jean et le logicien se place alors comme meneurs, comme supérieurs à leurs homologues, en leur donnant des leçons de vie. Pourtant, il ne semble pas être les mieux placés pour le faire, quand eux-mêmes n'appliquent pas ce qu'ils avancent.

Après lecture d'une analyse de cette pièce, j'ai pu encore mieux la comprendre. Faire la relation avec l'époque où elle a été écrite est important et enrichissant : j'ai découvert que Ionesco a voulu dénoncer le nazisme à travers la transformation de ses personnages en rhinocéros. L'identité de chaque individu disparaît alors, les rues sont bondées de troupes d'animaux et plus de "foules" d'hommes, ce qui est l'image même du mouvement de masse mis en place sous la Seconde Guerre Mondiale. De plus, là où Bérenger semble faible au début du roman, il s'avère étonnamment résistant et fait preuve d'une force de caractère et de moral en s'opposant à devenir comme les autres, rhinocéros.

J'ai donc adoré cette pièce, je suis sûre de lire d'autres œuvres de cet auteur. Je ne suis pas sûre que ce genre de pièce puisse plaire à tout le monde dans le sens où il faut chercher ce que l'auteur a voulu nous dire, et ne pas prendre directement l’œuvre comme elle se présente, c'est-à-dire sous une forme absurde.  

Ma note :

4/5. Une pièce agréable et lourde de sens.

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