mercredi 19 août 2015

L'invention des ailes - Sue Monk Kidd - Editions JC Lattès

Quatrième de couverture :

Caroline du Sud, 1803. Fille d’une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu’elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu’elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions.
Une belle amitié nait entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s’échapper de l’enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d’indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde.
Une superbe ode à l’espoir et à l’audace, les destins entrecroisés de deux personnages inoubliables !


Mon avis sur le livre :

Ayant gagné ce livre à un concours organisé par la blogueuse et youtubeuse Pretty Books en janvier, je me suis enfin lancée dans ce livre au résumé prometteur. Je dois dire que j'avais cette petite touche d'appréhension qu'on a parfois en ouvrant certains livres. Celle-ci s'expliquait du fait du sujet abordé, l'esclavage, qui pour moi est un sujet poignant et faisant partie de notre histoire, alors en tant qu'étudiante en histoire j'avais peur de la dureté du récit. Et puis aussi ouvrir un livre c'est partir en voyage dans un pays qu'on ne connaît pas, avec des personnes qu'on ne connaît pas alors on a toujours un peu peur d'aimer ou pas.
 Je crois vraiment qu'il faut que je décortique pas à pas ce roman car il est tellement riche de son contenu que j'ai des tonnes de choses à dire dessus. 

D'abord parlons du lieu de l'histoire : la Caroline du Sud aux États-Unis. Cette Caroline m'a toujours attirée, mon livre préféré se passe en Caroline, alors j'espérais aimer autant celle décrit dans ce livre. Et bien Sue Monk Kidd a sut poser son lieu, nous le mettre à jour petit à petit et je m'y suis crue : les sons des bateaux rentrant au port, des palmiers ployant sous le vent, la couleur des plantes telles que le bougainvillier, la douce fraîcheur après une tempête... j'ai été folle de cet endroit, ce qui m'a donné encore plus envie de le découvrir un jour en vrai.

Ensuite l'année de 1803. Les meilleurs livres que j'ai lu se situent dans cette période du XIXème siècle, je n'ai pu donc que me sentir à l'aise. Et puis l'idée de suivre une famille de 1803 à 1838 sous une période d'esclavage m'a énormément plu : on voit nos personnages grandir, passer de 10 à 40 ans au fil des pages. On se sent d'autant plus attachée à eux car on les suit depuis le début.

Les deux personnages principales sont Sarah Grimké et Handful. Sarah est blanche et Handful est noire. Cette différence de couleur va faire que l'une va posséder la propriété du corps de l'autre. Or Sarah va se battre contre cela et une amitié va se créer entre les deux enfants. Cette amitié va s'étioler au fil des années mais c'est elle qui va gagner au final. Sue Monk Kidd nous passe un beau message là-dessus : rien ne différencie le noir du blanc car à la base nous sommes tous des êtres-humains. Sarah va donc tenter de libérer Handful et elle va le faire en lui apprenant à lire, par les mots : j'ai trouvé ça magique. L'auteur semble mettre en avant que l'écriture nous permet tout, qu'il n'y a aucune limite avec les mots et en tant que lecteur on ne peut qu'apprécier ce joli message. 

On a donc une alternance de point de vue : un chapitre Sarah nous parle, le suivant ce sera Handful. Ce que je trouve aussi remarquable : l'auteur fait une sorte de métaphore avec cette alternance entre les deux personnages, elle les met à égalité, leur pensées ayant toutes les deux la même valeur.

C'est donc un roman qui fait réfléchir, qu'on referme différent : on voit des personnages esclaves souffrir et on se dit que ça a existé, que ça existe toujours, que cela ne date pas de si longtemps du point de vue historique et qu'encore aujourd'hui ce sujet est compliqué. Mais plus loin que l'esclavage, on a aussi la question de l'égalité homme-femme, le deuil, les choix que l'on fait dans notre vie. Et puis ce qu'on prend aujourd'hui pour acquis : notre liberté. Se rappeler qu'on ne la pas toujours eu, ça met une claque. D'apprendre en plus que les sœurs Grimké ont existé et que l'auteur s'est basée sur des faits réels, des choses qui se sont réellement passées, ça met une seconde bonne claque.

Ne lisez pas ce roman dans l'espoir d'une romance fougueuse, d'une intrigue intenable : il faut le lire comme le récit de deux vies qui se sont entrecroisées, de deux femmes qui se sont battues, parmi tant d'autres, esclaves ou blancs confondus.

Le titre du roman n'est pas là pour rien : une aile ne sert à rien seule, il faut qu'il y en ait une deuxième. Mais aussi l'idée que c'est le corps de l'esclave qui est emprisonné, pas son esprit. Et qu'il faut se battre pour prendre son envol. 

Pour conclure cette chronique, je finirais sur des extraits du roman :

"Nous aspirons tous à un coin de ciel, n'est-ce pas ? Je soupçonne Dieu de planter en nous ces aspirations pour que, au moins, nous tentions d'infléchir le cours des choses. Il faut essayer, c'est tout."

"Voilà pourquoi je suis sur terre - pas pour le ministère, ni pour le droit, mais pour l'abolition."

Ainsi que la phrase qui a inspiré l'auteur, de Julius Lester : "L'histoire, ce n'est pas que faits et évènements. L'histoire, c'est aussi une douleur au cœur et nous répétons l'histoire jusqu'à être capables de faire nôtre une autre douleur au cœur." 

Ma note :

5/5. Un coup de cœur dans ce genre. Une claque.


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